vendredi 16 mai 2008

Tag Zwo (29. april 2008)

Finalement, une passe d'autobus, c'est pratique : ça permet d'aller visiter tout ce qui n'est pas à distance de marche de l'auberge de jeunesse et où je ne retournerai probablement pas cette fois-ci (lire : Berlin-Ouest).

Les Églises (Kaiser-Wilhelm-Gedächtnis-Kirche, Marienkirche, Berliner Dom) sont toutes particulières. La première, trop détruite et trop moderne pour ne pas faire réfléchir à l'anachronisme de la religion. La seconde, vieille et épurée, vraiment protestante. La dernière, trop flamboyante pour être crédible comme église protestante : les Empereurs Hohenzollern ont répété la prétention du catholicisme. Ils sont confortables dans leur crypte.

La Neue Nationalgallerie a été mon moment d'assouvissement des pulsions d'art moderne/contemporain, outre l'architecture de la ville (duh !).
Gerhard Richter - Atelier
Werner Tübcke - Die Lebenserinnerungen des Dr. jur. Schulze III
Max Beckmann - Tod
Otto Dix - Flanderin
Wilhelm Lehmbruck - Der Gestürze
Lyonel Feininger - Eichelborn
Ernst Ludwig Kirchen - Potsdamer Platz
Sigmar Polke - (toute son oeuvre !)

Ma première currywurst : c'est dégueulassement bon

Marx, Engels... j'ai eu l'audace de me joindre à eux

Suite à mes réflexions, je préciserais : plutôt que "Berlin la nouvelle", il faudrait voir "Berlin, le recommencement". 1945 et 1989 sont un point zéro.

Where is home ?
What is home ?

La nuit à Berlin n'est pas celle de New York : les gens semblent changer.
J'ai vaincu le décalage horaire grâce à la magie de Coca-Cola. C'est mardi soir, on ne peut pas encore danser, alors je prends une virée au Kaffee Burger, Torstraβe, Rosa-Luxemburg Bahnof. Ce bar résume le Mile-End montréalais à merveille : les gens sont trendy, ascendant rétro, l'atmosphère est sombre, mais pas glauque, on y fait jouer du vieux rock et du indie. La différence est que l'on y entend parler Allemand, Anglais, Français. Chaque personne semble avoir une histoire, au-delà de l'image qu'elle projette par l'artifice de son style vestimentaire.

C'est terriblement européen.

Je crois que mon éducation, mon parcours ont fait de moi un européen en terre d'Amérique. Pourtant, je ne crois pas que je vivrais ici, car je n'aurais aucun endroit meilleur où je pourrais me réfugier, où j'aurais hâte de retourner : je n'aurais aucun modèle (bien imparfait, certes) que je pourrais faire découvrir en guise d'alternative à notre modèle de développement. Je crois certes que la voie allemande pourrait être empruntée par le Québec.
Seule réserve : le Québec n'est pas assez populeux pour construire et maintenir une ville comme Berlin.

J'ai connu plusieurs villes où des cours d'eau créent des barrières psychologiques, sociales, culturelles : Paris, New York, Montréal. À Berlin, la Spree se fond dans le décor, devenant un simple passage pour péniches. La division est ailleurs : elle se laisse apercevoir par l'état des édifices, leur âge, quelques fractions de béton, une ligne au sol de temps en temps. Toute ville semble avoir ses divisions : à l'intérieur de l'ensemble géographique se créent des sous-ensembles culturels, sociaux, comme des micro-nations ayant leurs propres référents représentationnels.

Être seul dans un bar est une situation particulière : rarement les gens en groupe vont aller voir les gens seuls, ce qui fait que les solitaires doivent rester seuls ou bien s'agglutiner. Les conversations dans un tel contexte de regroupement sont particulières, alcool aidant, à mi-chemin entre profondes et superficielles. Cela étant, quelqu'un doit toujours briser la glace : ces gens qui vont de l'avant sont soit très extravertis, soit très seuls, parfois les deux. Cela demeure toujours un acte de courage, car comme on connaît la nature humaine, on risque parfois de se frapper à un mur d'hostilité ou d'indifférence. Les regards sont un lieu stratégique de l'approche : toute chose étant, notre rapport au visuel demeure primordial, ce qui varie, c'est l'importance que les gens y accordent dans la balance totale. C'est là que se situe la limite entre profondeur et superficialité.

The panopticon stays out of reach, but one can always hope to get closer to it.
An absolute.
Truth is what we make of it.
How we choose to treat it.
Our freedom.

Volker, Kaffee Burger
So viele leute, so wenig Zeit.
Céline, Kaffee Burger
--> C'est avec ces gens rencontrés par hasard que j'ai passé le cap symbolique de 20 à 21 ans. Cette année, je ne me sens pas plus vieux, plutôt presque plus jeune.

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