samedi 31 mai 2008

Tag Fünf (2. Mai 2008)

Dur lendemain de veille, l'estomac fragile et la tête qui tourne encore un peu. J'ai donc décidé de prendre ça doucement : Stadtsbibliotek, Humboldt-Universität, Bebel Platz.

Je suis retourn dans Lustgarten, devant Berliner Dom, pour lire ce qu'il me restait du Savant & le Politique de Weber. Il y avait des saltimbanques en herbe et une horde pour leur donner de l'attention. Disons qu'ils ont le sens de la business : faire des pirouettes devant l'église la plus visitée de Berlin par un beau vendredi après-midi bien ensoleillé.

Sur le chemin du retour, j'ai fait la constatation suivante : plus que toute autre ville que j'ai visitée, Berlin, dans son architecture et ses ornements sculpturaux, récupère des symboles de la Rome antique. Plus que Washington, plus que Paris. De Charlemagne à Hitler, l'idée d'Empire, de Reich, est demeurée puissante dans l'ordre des représentations de la classe politique allemande. Devenue capitale prussienne, Berlin a vu jeté sur elle tous les fantasmes et expressions de la volonté de puissance des Hohenzollern. Hitler, soucieux de redonner du lustre à l'Allemagne, s'est appuyé sur le vieux fond politique glorieux, élogieux de la puissance teutonne, d'où aussi l'appellation de IIIe Reich qu'a porté son régime, et, pour compléter la quadrature du cercle, le développement d'une "architecture nazie".

J'ai fini Weber et lu cul-sec l'Existentialisme de Sartre.

Il y a une chose que je n'avais pas entièrement réalisée avant de décider de partir seul pour Berlin : je n'ai plus aucun référent. Outre mes vêtements, quelques livres, les quelques bribes de Français que j'ai pu prononcer et les 15 minutes quotidiennes que je m'accorde sur Internet, rien de tout cela ne ressemble à mon "ancienne vie". Ni mon milieu physique, ni les gens, ni mes occupations, ni de quoi satisfaire mes "goûts culturels" ne sont à ma portée pendant ce voyage. C'est vraiment très déboussolant, car tout en apparence, ou presque, ressemble à ma vie "normale" mais ne l'est pas.

Berlin n'est pas Montréal.
L'Allemand n'est pas le Français
Les gens que je rencontre ne sont pas mes amis.
L'électro qui joue en permanence à l'auberge de jeunesse n'est pas Bloc Party, Radiohead, Tool, Porcupine Tree, Portishead, Opeth, The Mars Volta, etc.

Je me demandais "What is home ?", je crois maintenant le savoir : c'est l'ensemble de tout cela, pas seulement un lieu, mais tout l'ensemble. Certes, certains éléments sont plus lourds dans la balance conceptuelle, mais tout ensemble, ils forment ce home.

These streets aren't my city
These people ain't my friends
These words aren't my tongue
These songs are not mine

This, or Madrid ou Shiraz, or Manilla, or Jupiter
I'm not quite sure what or where this is.
Where or what I am, really, in the end.

I can create a new identity
People won't notice, won't care really
I've taken off my sense of reality
'Cause, of all I know, there's no such thing.

Constant Static, y'know

* * *

1 Dis-moi ce que tu ressens quand tu vois. Plus que les traces, les couleurs, les mouvements, qu'est-ce que tu y reconnais ? Qu'est-ce qui est vrai dans tout ça ? Est-ce que c'est vraiment à ta portée ? Est-ce que tu dois tout accepter ? Peux-tu aimer des images ?

2 Dis-moi ce que tu ressens quand tu parles. Les mots, les sons, les discours, les opinions; où s'arrête le langage ? Pourquoi prends-tu paroles ? Seras-tu capable d'arrêter ? Quelle importance y trouves-tu, y trouve-t-on ? Penses-tu qu'on te comprend vraiment ? Et si l'on ne te croyait pas ?

3 Dis-moi ce que tu ressens quand tu touches. Les surfaces, les corps, le chaud, le froid, le dur, le doux ont-ils une valeur propre ? Es-tu si sûr de ce qui est bon pour toi ? Et les autres, comment te touchent-ils ? Qu'est-ce qui sépare le vide de la matière ?

4 Dis-moi ce que tu ressens quand tu bois . La joie, la peine, tout est amplifié, mais qu'y trouves-tu ? Est-ce que ça éteint la souffrance ? Est-ce que ça ne la déplace pas plutôt ? Pourquoi as-tu besoin d'être chaud ? Pourquoi cherches-tu à perdre le contrôle ?

Peux-tu nommer ce qui t'échappe ?
Qui t'échappe ?
Topographie de ta tête
Sans accès VIP

As-tu vraiment le contrôle ?

* * *
Je suis finalement sorti ave deux Grecs qui dorment dans la même chambre que moi. Ces gars-là sont l'archétype de l'Européen de ma génération : on dirait qu'ils ne connaissent pas de frontières, ils baragouinent plusieurs langues et peuvent se permettre des voyages de 3 jours à Berlin pour aller dans des clubs (20 euros pour un vol Athènes-Berlin...). Nous sommes allés au Watergate, un club ultra-exclusif avec 2 salles (l'une au-dessus de l'autre) dont un mur entier est une fenêtre donnant sur la Spree. La salle du haut a un plafond malade, comme un écran avec des lumières intégrées qui sert d'éclairage à la piste de danse. Une chance que Dimitris était sur la guest list...

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