vendredi 13 juin 2008

Le dernier Opeth (show et album)

Deathmarch
3
Opeth
C'était le programme de la soirée du 23 mai. Les deux derniers, je les connaissais depuis un temps. Les premiers, non... et c'était une bonne chose : mauvais métal mal joué.

3 étaient en feu et contents d'être là. Après avoir vu Joey Eppard, le guitariste, en solo comme première partie de Porcupine Tree, j'étais curieux. Ils ont failli upstager Opeth. C'était bon à ce point. Le percussionniste/claviériste est dingue.

Opeth, wow. Toujours aussi sobres dans leur attitude scénique, Mikael Akerfeldt toujours aussi drôle et sympathique. Un show impeccable : ils nous ont même donné un avant-goût de leur nouvel album en jouant Heir Apparent.

***

L'album Watershed est probablement le plus mature, le plus accompli des albums du groupe. Ça passe du death au progressif à la jolie guitare sans avoir l'air forcé. L'intention fondamentale demeure la même, peu importe comment elle s'exprime. Cela ne peut mériter que mon respect. Les nouveaux-venus du groupe s'intègrent à merveille : ce n'est pas mince affaire que de prendre la place de Peter Lindgren et Martin Lopez.
Ils sont encore jeunes et ne semblent pas s'épuiser. C'est tout à notre avantage.

Tag Neun (6. Mai 2008)

Je me suis réveillé avec Samantha qui socialisait avec les nouveaux occupants de la chambre : un Australien (Doug) et deux Brésiliens (Pedru et ?). On a décidé de faire un tour gratuit à pied de Berlin, eux pour découvrir, moi pour voir ce qui m'aurait échappé. J'ai appris quelques trucs utiles :
-Berlin est bâtie sur des marais (d'où l'odeur qui surgit à l'occasion)
-L'histoire de la chute du Mur en tant qu'accident
-L'emplacement du bunker de Hitler
-Etc.

Dans le groupe se trouvait une fille (Billy) de notre auberge qui, elle aussi, vient de Montréal. En parlant avec tous ces non-Européens, je me suis rendu compte qu'eux font plusieurs villes et pays en un seul voyage : je suis un cas d'exception. Ayant été à Berlin durant la dernière semaine, j'ai pu communiquer à notre petit groupe certaines informations pertinentes. Un mini-guide, quoi.

Je pars bientôt.

Dans l'attente, il faut meubler les instants. Manger un dernier döner, jaser dans la chambre entre étrangers : tellement d'histoires personnelles. Le monde est récits.

C'est seul à cette table du café Zapata que j'ai mon dernier rapport culturel intime à Berlin, un latté dans un verre pour m'aider à passer la nuit. Le Zapata est un de ces endroits qui n'a même pas besoin de rechercher le cachet "underground" tellement il en est imprégné. À 1h AM le mardi, on y trouve que des gens merveilleusement mésadaptés au moule dominant : artistes, activistes, rebelles multiformes.
J'ai l'impression que le temps s'arrête

Je retournerai à l'aéroport à un moment donné, mais je n'aurai pas l'impression d'être revenu à la case départ. Le lieu physique objectif sera le même, certes, mais ma perception aura évolué entretemps. Ces 8-9 jours m'auront fait aimer cette ville à un niveau qui dépasse le simple coup de foudre. Je peux maintenant comprendre pourquoi les David Bowie, Iggy Pop et Lou Reed de ce monde y ont trouvé refuge à un certain moment. Je ne crois pas qu'il existe de mot en quelque langue pour expliquer cette sensation, l'effet-Berlin.

Berlin m'a changé.
Ça, j'en suis sûr.
Mais ce n'est qu'en revenant à Montréal que j'en constaterai l'impact de façon plus descriptive.
Mesurer l'effet-Berlin.

Je n'ai pas trouvé le sens de la vie.
Seulement un moyen de penser-vivre alternatif.

Il y a certaines choses que la photo ne peut rendre.

J'y essaierai par la musique

Pour cela, je peux déclarer mission accomplie : je voulais me ressourcer.
J'y ai trouvé cependant plus que ce que je cherchais
Je ne peux garantir que je vais en avoir le contrôle immédiat : je devrai un peu réapprendre à me connaître.
Mes "objectifs" demeurent, mon état d'esprit par rapport à la façon, aux moyens, change.

J'ai trouvé la paix du mouvement, dans le mouvement, par le mouvement, au mouvement.
J'ai trouvé ma vingtaine.

1h30
***
Arrière-garde

Déceptions
Frustrations
Rages
Bouleversements

Mes mots ne se sont pas taris
Ne se tariront pas
Mes cicatrices se sont accumulées
Et s'accumuleront

[r]
L'angoisse imprimée au coeur
Et mes mains toujours plus sales
Sales de leur humanité
Condamnées à exister

Pas de fin à l'existence

Renaissances
Jubilations
Magnétismes
Accomplissements

Tout est plus grand que moi
Je suis atome
Une possibilité qui s'est avérée
Sans renoncement

[r2]

Gardien de mon malaise,
Moi et mes contradictions

L'homme imparfait
L'homme incomplet

J'ai trouvé la paix du mouvement
Dans le mouvement
Par le mouvement
Au mouvement
***

Oscillation dans l'altérité
Sentir sa mortalité
Vive
Surréelle

Plaie ouverte de ma vie
Sans guérison
Gangrène de vieillir

Je n'ai pas besoin de religion
Pour me dire d'où je viens
Où je vais
Ce que je serai

Courage du matérialisme
Sans métaphysique
Une ultra-physique

L'angoisse peut nous dominer
Nous pouvons la dompter
Par nous-mêmes ou avec une béquille

Je n'ai d'autre drapeau que le mien

Je crains toutefois une chose : ne pas vivre assez
User mon temps sur de vieilles rengaines
Le retour est nécessaire, mais il ne faut pas vivre au-travers de lui.

Ultraviolette conscience
L'accepter
L'achever
La surligner à grands traits

Le silence n'est pas résignation

Déraison-tourmente
On veut garder le cap
Garder les voiles
Garder soi

Le système d'un côté
Déterminations
Son agir de l'autre
Libertés

Penser, un acte-soi radical
Noueux et escarpé

Une chandelle dans le cosmos
Petite lumière
Lumière quand même

Cautériser ses défaites
Un danger sournois
Une bombe à retardement
C'est se stériliser l'âme
Je connais de ces gens
Qui refusent la souffrance
Sans autre motif
Que le confort froid

Backstage
C'est ici que la décision se prend
L'acte d'être
L'acte de vouloir
L'acte d'espérer
La guerre à l'échec
Moi contre moi
La possibilité et l'advenir
Tout demeure un choix fondamental
Le hasard est une folie d'incontinents

Retirer son crucifix et crier

2h30

Les langues se bousculent à la sortie de ma tête. Ne sait quelle sortira d'abord, ne sait quelle s'imposera à la communication, ne sait quelle sera la fenêtre de mon Zeitgeist réservé.

Ma langue est enjeux, conflits
Avec elle doit lutter ma parole intègre

Je sens que les grands me regardent
Figure imposée
Par moi ou d'autres
Alors-toujours un axe de révolution

Peut-on brûler de l'intérieur ?
Quel est mon kérosène ?
Pourquoi l'allumette ?

Prétendre à une réponse, c'est enfiler la soutane
Trop de prétentions
Affirmer l'ignorance, c'est de la fausse modestie
Épingler l'authenticité ?
En faire banderole ?
En faire chanson ?
En faire télévision ?
En faire décoration ?
En faire son poing en l'air, dénonçant le message de sorte à n'être plus qu'une réduction parcellaire-poussière juxtaposée à la masse confuse de nos mêmes imprécis ?

C'est l'expiation bienveillante et rageuse de son imprefection

La nuit avance, et je frôle durement l'inévitable
Je suis une crise en lambeaux
À deux doigts de la phonétique de mes trippes
Déglutition du monde
Digestion du monde
Excrétion de moi-même

Internet nous sortira de la crise
Fausse crise : des nombres
Codex d'une fausse élite
Juristes d'une morale plastique

Je remercie l'intraveineuse

Je me prosterne haineusement devant la bombe
Elle est plus forte que moi, en potentialité
Elle mérite le respect-dégoût
Celui des usurpateurs de notre humanité
De nos finitudes autonomes

Je crains l'inoriginalité
L'in-différence
En cela, elle me menace

Les humains naissent avec une plume dans l'âme
Certains la brûlent
Certains l'éguisent
Certains trouvent de l'encre

Les guerriers sont des êtres faux

La troisième voie, l'infini concevable

J'appartiens à la culture de l'écrit multiple
Le document me fait exister en-dehors de moi
Lui seul me rendra dans des endroits impossibles
Simultanéité
Squatteur des réseaux
J'ai le pouvoir de la portée, la flamme dans la main
Mon sang tachera l'instant et l'histoire
C'est la réelle puissance avérée

Cymbale aiguisée
Résonance magnétisée

Un tram sans rail
Égaré-libre

Plus qu'une heure avant de prendre le U-Bahn, je ne sais trop si je veux partir ou bien rester. Je partirai, certes, mais je ne sais avec quel sentiment au coeur. Ce sera l'hécatombe de mes dispositions actuelles.

Voudrais-je amener Berlin à Montréal ou Montréal à Berlin ?

J'ai l'impression d'être un rêveur nébuleux aux yeux des inconnus dans le bar.
Le chic de l'étranger

Tous mes gestes à venir seront les derniers, pour le moment. J'ai toujours eu cette impression de l'imminence de la fin, mais en des moments tels que celui-ci, elle s'accentue, envahit ma tête et, paradoxalement, me fait sortir de moi. Ce n'est pas inconfortable, mais ce n'est pas agréable non plus. J'ai seulement l'impression de toucher l'angoisse existentielle. Mais, la question demeure : pourquoi ce genre de moments (de départ) plutôt que n'importe quel autre ?

Zapata ferme son refuge.

Tag Acht (5. Mai 2008)

Si l'on pouvait en quelque sorte figer le temps, je crois que je serais en mesure de me construire une vie à Berlin. Je commence à m'affranchir de ma dépendance à la carte de la ville, je connais des gens, j'ai visité ce qu'il faut pour dire que j'ai une connaissance socioculturelle acceptable de la ville.

J'ai vraiment fait la file pendant 1h45 pour visiter le Reichstag. La vue depuis la coupole en a valu la peine, de même que la contemplation de son architecture.

J'ai succombé à la tentation d'acheter des vêtements. Au moins, ils sont beaux.

Qu'est-ce qu'on fait pendant le jour lorsqu'on a fait l'essentiel et même un peu plus ? Ma tête commence à se fatiguer des musées...

J'ai rencontré une fille de Vancouver, Samantha, qui occupe la même chambre que moi. Elle a fait une mineure en philo et fait maintenant une majeure en politique et mineure en histoire (!). On a de bonnes discussions sur le Québec, le Canada et tout ça, nos amis grecs comme spectateurs...

Sam et moi sommes allés au Kaffee Burger et avons dansé...

Tag Sieben (4. Mai 2008)

Miron a occupé ma matinée audacieusement. Je crois que quelque chose débloque : au lieu de mettre le doigt dessus, c'est ça qui m'a mis le doigt dessus. Je parle de style d'écriture, faudrait pas se tromper.

Deuxième temps de ma journée, je suis allé voir l'exposition Mythos Germania au Berliner Unterwelten e.V., comme me l'a recommandé Simon-Pierre. J'ai pu avoir un exposé complet des fantasmes architecturaux nazis pour la ville de Berlin. Il s'agissait vraiment de pure mégalomanie. Seulement le Grand Hall qui était projeté pouvait contenir 180 000 personnes sous un dôme plus haut que la "boule" de la Fernsehturm. On parle de colossal. Les comparaisons avec les projets architecturaux fascistes et soviétiques étaient pertinentes. Je crois que j'ai un léger goût (oh horreur !) pour ces deux derniers courants (dans les années 30-40, faut-il préciser).

Berlin, dans les dernières 300 années de son histoire, a vu ses époques marquées par l'architecture plus que n'importe quelle autre ville à ma connaissance. Les Empereurs, Weimar, les nazis, la séparation, la réunification. À chaque fois, on a détruit et reconstruit de grandes parties de la ville ou on a projeté de le faire. L'environnement physique, la structure au sens propre, semblent revêtir une importance primordiale pour les Allemands (Berlinois, au moins) : rien n'est laissé au hasard, négligé. Ces gens sont ceux qui comprennent le mieux l'impact important de l'environnement physique sur l'état mental. Et tout doit être beau sans être surfait ou kitsch, même si grandiose. À l'intérieur comme à l'extérieur. Chaque pouvoir a aussi accordé une attention particulière à Berlin, comme chaque pays envers sa capitale, mais je crois que c'est poussé un cran plus loin ici. Cela explique donc en partie le mouvement des reconstructions. Une question me vient : qu'est-ce qui nous assure que la configuration actuelle durera ? Je pose ici la question de l'histoire.

Avant aujourd'hui, je considérais Albert Speer comme une sorte de victime du nazisme, en ce qu'il était un artiste qui a eu l'occasion de réaliser ses fantasmes de grandeur, sans avoir eu de pensée politique réellement. Toutefois, à voir les rôles qu'il a occupés dans le régime et les ententes que son département a conclues avec les SS et les administrateurs des camps de concentration, il est difficile de conserver la même position.

En regardant le match FC Barcelona VS Valencia, j'ai remarqué un jeune joueur qu'il va falloir surveiller : Bojan.

***
L'édifice de nos maux
L'édifice de nos misères
Opaque comme ta voix
Rit dans nos visages de plastique
***

Je suis tombé dans les grâces de l'équipe de l'auberge de jeunesse, on dirait. Avant-hier, c'était le gars de la réception qui m'offrait l'internet gratis, ce soir c'est le barman qui m'offre de la boisson et qui me permet de rester pendant qu'il ferme (et ainsi, on alterne nos choix musicaux... ça fait du bien).
Ah, et j'ai appris que Beck est scientologue.

Tag Sechs (3. Mai 2008)

Alors que ma liste de choses à faire diminue, je dois trouver une façon d'occuper mes jours (car pour mes soirs, je crois que je peux compter sur Dimitris et Pavlos). Donc, plutôt que de visiter, je dois vivre Berlin pour les jours qu'il me reste.

Lire Stiglitz dans Tiergarten
Manger des Currywurst et Bratwurst
Aller sur Alexanderplatz et y prendre une crème glacée
--> D'ailleurs, ma coupe forêt-noire a été agrémentée avec du kirsch...
Lire Miron pour retrouver un bout de chez moi
et de moi.

Ma solitude berlinoise est tombée maintenant que je sais que je peux m'adjoindre aux deux Griegos pour faire de quoi le soir. Mais je les quitte toujours vers 3h AM parce que sinon, je sais que je vais revenir avec eux vers 13h, et ça, mon corps ne me le pardonnerait pas.

Pizza avec les Greeks... dans une place tenue par des des Italiens dont il faut se rappeler (coin Friedrichstraβe et Oranienburgstraβe). Les Italiens savent qu'il faut se retenir sur la salière.

Ensuite, show de Lizeta Kalimeri, une chanteuse grecque que la soeur de Dimitris accompagne à la guitare (avec un autre guitariste qui est un shredder au bouzouki). Ça a été mon expérience grecque de l'année : toute l'Athènens berlinoise s'est entassée au jazz-club Quasimodo pour l'événement. Et ces gens savent qu'un show devrait durer 2h30 au minimum...

Le S-Bahn, c'est bien.